Le soleil venait de se lever, sur l'île tropicale baptisé Pratum de Bellator la chaleur commençait déjà à se faire sentir. Le magnifique bateau de l'équipage sanguinaire de la fille Thunder venait d'arriver sur le sable de l'île, de retour d'un long voyage où l'équipage avait une fois de plus fait preuve de courage, après avoir coulé un navire britannique et avoir affronté dans une lutte sans merci les vagues agitées de l'océan, les marins pouvaient enfin mettre à nouveau un pied à terre. Etrange équipage ? Les anglais à bords de leur navire avaient ris aux éclats en voyant débarquer cette troupe de filles, quelques hommes également, mais surtout des filles... Ils n'avaient pas ris bien longtemps, car sur ce bateau au pavillon voir, c'était bien les femmes les pires terreurs... Ce n'était pas des femmes de ville, c'était de vraies Amazone... Elles contrôlaient tout et les hommes avaient plus ou moins leur mot à dire, c'était une rude époque pour le sexe masculin parait-il. Mais un matelot semblait s'être fait à tous ces changements... Ce matelot c'était moi... Alec Vulcain Clark, en réalité De Clare, mais ça ne sonnait pas vraiment pirate, j'avais volé ce nom à l'un de mes valets du temps où je n'étais pas un pirate... Personne ne sait comment je suis arrivé ici, et je me garde bien le secret pour rester en vie. Il ne faut faire confiance à personne, c'était clair en mon esprit. Si je voulais survivre, il fallait me taire et accepter. J'avais grandi comme un prince dans ma demeure en France, aujourd'hui j'étais rendu à une quasi soumission totale. Je m'étais habitué à cette vie, quand j'y pensais, moi l'étrange, elles auraient bien pu me finir sur la potence, mais j'étais là, encore en vie. Pauvre mais vivant. Elles m'avaient appris ce qu'était le travail moi jouant les amnésique j'ai du apprendre à ne plus rester là à me la couler douce, j'ai appris à parler « vulgairement », j'ai appris à connaitre ce monde quelque peu violent... Mais pourtant, je regardais toujours l'horizon avec l'envie de m'envoler loin, et de retrouver la vie que j'avais avant, cesser de trimer...

Sur le navire j'étais l'un des rares hommes, et une fois à terre, j'étais évidement chargé de porter les choses les plus lourdes... Il y avait des femmes bien plus carrées que moi sur cette ile, mais c'était Thunder qui décidait n'est-ce pas ? Thunder, malgré toute ma haine envers elle, j'ai toujours été reconnaissant et je l'avais toujours laissé me dicter ce que je devais faire, j'étais en quelque sorte la tête de turcs du bateau grâce à elle, mais je lui devais sa clémence envers moi qu'elle avait eut jadis et c'était exactement pour cela qu'elle pouvait décider ce qu'elle voulait sans que jamais je ne bronche. Pour cela, et aussi à cause du respect qu'elle inspirait, jamais je n'avais vu une femme aussi courageuse et aussi jolie à la fois... Le capitaine avait une soeur, qui était tout aussi belle, mais qui elle, restait bien à l'abri sur l'île. Elle n'avait pas le tempérament de feu de sa soeur, et c'était elle qui m'avait sauvé la vie, je songeais que j'étais à jamais lié à ses deux filles là. Ma dette envers elles était immense. Après avoir déchargé le navire, je me rendais dans le repère de l'ile, une cabane immense qui m'avait vraiment impressionné le premier jour de ma venue sur l'ile. Je me rendais dans le meilleur pub qui soit de l'ile : La couronne, pour boire un bon verre de rhum, telle était la coutume par ici.

Evidement, comme à chaque fois que les marins revenaient de mers, les villageois s'attroupaient autour d'eux pour savoir tout sur tout. J'apercevais Thunder qui devait entre là depuis un long moment (du moins le temps que j'eus prit pour décharger le bateau), elle parlait avec les villageois de son ile telle une vraie conquérante. Puis j'aperçus juste derrière elle, appuyée contre le mur sa jeune soeur qui semblait s'ennuyer. Et moi, j'étais seul à la table du fond. Les yeux de Grace croisèrent les miens et je lui adressais un léger sourire qui n'échappa à sa grande soeur vaillant sur elle. Je soupirais avant de demander un autre verre puis j'allongeais mes jambes sur le tabouret en face, que c'était difficile la vie de marin...

Le jour se lève sur Pratum de Bellator. J’ouvre les yeux et le soleil m’éblouit. Je cligne plusieurs fois des yeux, essayant de m’habituer à la clarté de cette matinée des plus ensoleillée. Il est tôt, je le sens et pourtant, je n’ai plus sommeil. J’ai passé une très mauvaise nuit. Encore ces cauchemars. Toujours les mêmes, depuis ce qui me semble être une éternité. Depuis la mutinerie. Toujours ces mêmes visages, ces mêmes cris effrayants, ces souvenirs torturant. Et toujours, je revois ma mère et quand je me réveille, j’ai les joues baignées de larmes. Ce n’est qu’un rêve, je le sais. Pourtant ces souvenirs sont toujours tellement réels que j’ai l’impression de revivre toute les nuits les mêmes scènes affreuses qui ont changées ma vie à tout jamais. Me frottant les yeux, je me redresse et pousse mes draps sur le fond de mon lit. Mon premier reflexe, comme tout les matins, c’est de vérifier où je suis. Pourtant les lieux ne changent pas, il n’y a pas ne serait-ce qu’un grain de sable qui avait bougé depuis la veille. Alors je soupire, rassurée. Je remarque qu’il fait chaud. La journée s’annonce donc belle. Et c’est tant mieux. Rien n’est pire qu’un temps maussade pour accentuer une humeur morose. Bon, ce n’est pas le moment de déprimer au fond de mon lit. La journée ne fait que commencer …

Aujourd’hui, ils rentraient. Les matelots étaient tous rentrés. Enfin. Je les avais aperçus de loin, dans leur bateau. Je les ai vus, le bateau arrivant sur le sable de l’île et ils avaient tout déchargé. Ces hommes et ces femmes courageuses dont je ne faisais pas partie. L’histoire de l’Amazone était légendaire. Du moins, généralement, quand les navires croisaient l’Amazone, ils avaient tendance à rire. Des femmes à bord ? Oh mais ces femmes n’étaient pas n’importes quelles femmes. C’était des héroïnes, des guerrières, des battantes et elles étaient parfois plus cruelles et plus efficaces que les hommes. Ces femmes sont pleines de courage. Ce que moi je ne suis pas. Je ne l’ai jamais été et je ne le serais probablement jamais. Mais chacun à son caractère et je n’ai pas peur de dire que moi, je suis fragile. Une fragile créature qui a besoin d’être protégée. Certains me pensent simplement stupide et c’est vrai que je ne suis pas très futée. Mais pas au point d’être stupide. Et il parait que ma naïveté et ma fragilité font mon charme. C’est ce que ma mère disait de moi quand j’étais petite. Encore une fois, mes pensées dérivent sur ma défunte mère. Et encore une fois, l’image de son corps étendu sur mes genoux me revient en mémoire.

J’arrive à la couronne. Tout le monde est déjà là. Comme à chaque fois, tous les villageois sont déjà là pour accueillir le retour de tous les matelots. Mais le récit de leurs aventures est loin de me passionner. Comme à chaque qu’ils rentrent en fait. Ce n’est pas que je m’en fiche, mais les histoires barbares ne m’intéressent pas. Tout ce qui touche de près ou de loin à la piraterie d’ailleurs. Mais tout le monde semble content de les écouter. Pour ma part, je suis adossée contre le mur et je fixe le mur d’en face. Mon regard croise alors celui d’Alec. Ce matelot que j’aime. C’est moi qui l’ai trouvé quand il est arrivé sur l’île et je l’ai immédiatement trouvé très gentil. Pour cette raison, je me suis attachée à lui et j’ai plaidé sa cause pour qu’il devienne un matelot. C’est un bon garçon. Enfin il en à l’air en tout cas. Je soupire. Décidément, cette conversation m’ennuie. Je parlerais avec ma sœur plus tard. M’excusant poliment, je contournais l’amati de personnes regroupées dans la salle, pour rejoindre Alec à la table qu’il occupait. Je m’assois sur une chaise et je le dévisage, un sourire naissant sur les lèvres. « Bonjour … Alors, cette escapade en mer, c’était comment ? ».