Harlow écarta le drap d’un blanc douteux avant de chercher à tâtons ses vêtements. Elle a la bouche pâteuse Les retrouver sous le lit acheva de la réveiller. Elle se traîna péniblement jusqu’à la fenêtre pour observer le paysage alors qu’elle finissait de les enfiler. Les passants pouvaient bien se rincer les yeux, elle n’avait pas les idées assez clairs pour y songer pleinement et elle savait bien que personne ne porterait plainte pour un attentat à la pudeur. Elle aperçu deux hommes qui dormaient l’un sur l’autre des bouteilles à la main tandis qu’une putain remontait sa jupe en sortant d’une maison. L’île Colis de Laetus. Honnêtement, elle ne savait pas ce qu’elle faisait là. Non, précisément, elle avait oublié. Mais lorsqu’elle enfila sa chemise par-dessus ses seins blancs, elle sentit les relents de tabac froid et d’alcool qui lui montèrent au nez. Elle la retira immédiatement, et la jeta dans un coin de la pièce. A demi-nus à nouveau, elle chercha dans la chambre de ce qui semblait être une auberge quelconque si elle n’avait pas quelque chose à se mettre. Elle dû se résoudre à mettre son corset sur sa peau nue pour sortir, parce qu’il fallait bien qu’elle sorte. Harlow avait faim, et il y avait bien moyen de grignoter quelque chose dans cette auberge, peu importe leur qu’il était.

Lorsqu’elle sortit, la tenancière derrière son bureau la regarda d’un œil lubrique avant de lui ajouter, enjouée : « Votre nuit a été bonne ? ». Elle était dans une maison close ? Merde quoi. Il y avait des pucelles qui criaient famine dehors et qui aurait voulu être prises dans un tel établissement, mais c’était elle qui s’y faisait traîner. Elle avait quand même pas l’air d’une vierge effarouché ou d’une blasée qui se contente d’encaisser les pièces d’or ? Ou alors elle y avait été de plein gré. Ou alors, la tenancière arborait cette tenue par pur plaisir. Aucun souvenir.
Elle grommela tout de même une réponse qui se voulait polie avant de se déplacer d’un pas traînant jusqu’au bar derrière lequel un homme astiquait consciencieusement des verres. Elle demanda de la nourriture. N’importe quoi tant que ça se mangeait. En attendant qu’il la serve avec ce qu’il restait des repas de midi –cela devait être dans l’après-midi finalement-, Harlow tenta de rassembler ses souvenirs en partant du principe qu’elle devait être venu ici pour un séjour de beuverie et de sexe.

L’île de Harena de Aves et Colis de Laetus était suffisamment éloigné pour que les deux équipages ne s’entretuent pas à la moindre occasion, et suffisamment proche pour qu’Harlow décide de s’y accorder quelque jours. Cela sonnait comme des vacances, dit de cette manière. Et en fait, c’en était plus ou moins, mais dans un but totalement louable. La jeune femme, en cherchant le plaisir et le renouveau, éloignait l’ennui. Ainsi, elle avait moins envie de déserter son bâtiment du moment pour s’en trouver un autre qui pousserait jusqu’à un endroit qu’elle ne connaissait pas. Elle faisait travailler sa loyauté à son capitaine du mieux qu’elle le pouvait. Aussi dés qu’elle avait sentie poindre en elle l’envie de voir Singapour, elle avait sauté sur un bateau de marchand qui faisait l’aller-retour entre îles pour s’octroyer quelques jours de plaisir dans l’inconstance la plus absolue. Chacun ses lubies.

Elle posa sa tête à l’envers sur le comptoir. Comme ça elle pouvait voir se balancer les lampions en haut. Elle avait envie de se laisser aller dans cette contemplation. Mais quelqu’un l’appela, l’obligeant à relever la tête. Comme si elle avait que ça à foutre.

C'est bon, j'avais trouvé quelqu'un pour me remplacer à la potence. Enfin, plutôt à la prison, parce qu'aujourd'hui, y'avait personne qui devait être exécuté, sinon croyez moi que j'aurai pas quitter l'poste. J'attrapai alors le gros blouson en espèce de cuir que je portai dès que je sortais. Parce que oui, dehors, il faisait pas vraiment chaud, et surtout en ce moment. Mais avant de l'enfiler, je passai le fourreau de mon épée, un pistolet chargé, une dague et je posai ensuite le gros blouson par dessus. La fermeture faite de boutons était désespéremment inutilisable et donc je pouvais garder à l'abris toutes les armes dont j'avais besoin en cas de duel, et surtout, je pouvais les attraper facilement et rapidement si j'en avais besoin.
Je poussais le lourd battant de la porte, gardant le trousseau de clé accroché à ma ceinture. Les trois gardes qui me remplaçaient, mais qui étaient là assez continuellement se mirent à leur poste, et je pus donc partir tranquille. Je savais pas trop où aller ce jour là. Mais c'est pas qu'il faisait très chaud dehors ... Et en plus, je voulais me divertir. Boire un rhum avec les matelots, ça me tentait bien, et ça réchaufferait la sale température. Le seul truc, c'est qu'avec toute la neige, j'y voyais rien. Et du coup, je suis pas rentré au bar. Je l'ai su quand j'ai vu qui c'était à l'accueil. Elle me souria et m'appela d'un ton plutôt enjoleur. Elle était de l'équipe, j'allais pas l'ignorer. Je m'approchai donc de mon pas boitant et commençai à discuter avec elle. J'appris les dernières nouvelles comme ça. Je tournai la tête, pris d'une toux assez désagréable. Et là, au bar, y'avait quelqu'un. D'un coup de tête, je demandai à la femme qui se trouvait devant moi, et elle m'expliqua qu'elle savait pas trop qui c'était, et qu'elle était entrée, comme ça. Je voulais savoir qui c'était. Après tout, de dos, je pouvais pas savoir qui elle était, cette trainée là.

" Eh, jeune fille "

J'allais pas l'appeler autrement. On était dans une maison close, et mes paroles étaient tout à fait convenable ce jour là !