Alors que j'étais tranquillement installé avec un boc de rhum, j'entendis des cris qui provenaient certainement des prisons du sous sol. J'écoutais alors plus attentivement ce qu'il se disait et je compris qu'un prisonnier avait dû succomber au froid ou à quelque chose dans le style. Bah, tant pis, ça fera une bouche de moins à nourrir. Surtout qu'on manque pas mal de nourriture en ce moment. Je plongeais donc dans mes habituelles pensées, surtout sur le fait qu'on me traitait en boulet alors que j'étais certainement beaucoup consistant que la plupart des gars qui venaient de partir chercher les vivres. Il fallait que je montre de quoi j'étais capable. Mais avant toute chose, le bruit devenait infernal. Je descendis donc au sous-sol voir ce qu'il se passait réellement. J'approchai donc des cages et un homme barbu vraiment sale et répugnant m'appela. Avec sa langue à demi coupée, il m'expliqua que son compagnon de cellule avait appelé avant de tomber inerte sur le sol. Je le regardai et laissai échapper quelques rires plutôt grossiers dans de telles circonstances. " Et qu'est ce que vous voulez que ça me fasse ? " je leur avais répondu. Puis j'étais remonté en boitillant. J'avais désormais une idée qui me traversait la tête depuis un petit bout de temps. Enfin, depuis qu'ils étaient partis et que j'avais les prisonniers sur les bras. Mais cette idée était vraiment mauvaise. Laisser les prisonniers comme ça, sans surveillance, c'était de la folie et je pourrai être brûlé vif pour cette erreur, même si j'arrivai à leur trouver de quoi manger.
Du coup, j'étais redescendu à la cave pour sortir le corps de là et j'avais bien pris soin de refermer la porte à clé. Puis, j'avais tiré le corps dont la tête cognait contre le béton dur des marches jusqu'en haut. Après, je l'avais posé sur la table de ma petite cuisine et j'avais bien vérifié qu'il était mort. Pour plus de sécurité quand même, je lui enfonçai un pieu que j'avais sculpté moi même dans le cœur, laissant ressortir le sang que je recueillis dans une espèce de bassine. En ce temps là, je vivais avec un chien qui n'avait que la peau sur les os, et disons que c'était une des rares choses à laquelle je tenais. Il était fidèle et je n'avais pas envie de le perdre. Lui aussi, il souffrait de la faim. Alors, je lui donnai la gamelle où il but avec un appétit avide le sang recueilli. Devait il y en avoir encore dans le corps, aussi, comme le bourreau que j'étais, j'ouvris le corps et vidai le sang que je trouvai dans la bassine du chien. Les morceaux récupérables je les ai mis de côté tandis que je prélevai un os que je nettoyai brièvement avant de le donner au chien. Puis je jetait le corps dans l'âtre qui réchauffait la pièce.
Fallait quand même avouer que je n'avais pas trop envie de manger ça. Du coup je les ai fait cuire et je les ai passé aux prisonniers en le disant que c'était exceptionnel car la confrérie avait trouvé de quoi nourrir toutes les bouches au moins ce soir. Et quand ils me demandèrent ce que j'avais fait de le camarade de cellule, je leur ai simplement expliqué qu'il venait de voir le docteur en quelque sorte et qu'il avait conclus que l'homme était décédé de blessures, de faim et de froid, et du coup, qu'il l'avait mis au tombeau comme les autres. Ca avait l'air de leur convenir, alors je suis remonté et je me suis rassis parce que de toute manière je n'avais rien d'autre à faire.