L’équipage du Flambeau approchait de sa terre, la cale emplit de marchandises, la balade n’avait pas été fructueuses, c’était compréhensible vu le temps qu’il y avait aucun bateau de plaisance à attaquer à l’horizon. Fort heureusement le bateau nommé le Flambeau avait à ses commandes un capitaine expérimenté et un excellent barreur, ce qui avait permis que le bateau sorte intacte de cette tempête. Mais en se rapprochant de l’ile, le temps y était bien meilleur, et le navire avançait sereinement sur les flots, c’était là que nous avions surpris un bateau de marchand égarés qui finirait sa croisière au fond des eaux. Les pirates étaient tous pressés de retourner sur terre, certains avait une conjointe, d’autres des enfants à qui raconter de merveilleuses aventures (qui parfois étaient des purs bobards), la plus part voulaient retrouver leurs amis et au mieux des catins. L’agitation était à son comble quand la voix du capitaine surmonta ce boucan infernal pour donner l’ordre d’abaisser l’ancre. Alors quatre marins firent descendre l’ancre dans une vibration qui fit trembler le navire. Sur le pont c’était la liesse, on se marchait tous sur les pieds, chacun étant plus pressée que l’autre. Au milieu de tout cela, il y avait un jeune matelot assit sur un tonneau retourné qui tout en affutant la lame d’un sabre donna quelques ordres de tâche qu’il était sensé faire. Etant un ancien forgeron, celui-ci proposait de s’occuper des armes de certains en échange d’être exempt de corvées. Le jeune homme répondait au nom de Caleb Rivers, un nom qui était assez familier aux habitants de l’ile du Flambeau, c’était une légende à lui tout seul, un vrai débauché, un impulsif incontrôlable. Il se fichait de ce qu’on pensait de lui, la seule chose qui l’importait c’était de s’amuser. Hors, les corvées étaient probablement tout sauf amusantes... C’était pourquoi il faisait acte de présence sans lever le petit doigt, ce qui avait le don d’agacer les autres de corvées.

Le jeune homme leva son regard bleu azur vers son interlocuteur, il s’agissait du barreur, un type pas commode selon Rivers, un vrai coincé. Le matelot caressa la lame du sabre de son « larbin » comme il le disait bien souvent, avec la douceur qu’il pourrait employer avec une femme et il répondait d’une voix amusé

« C’est très aimable à toi, mais j’ai bien peur que ta tronche de gueux les fassent fuir. »

Caleb était de ce qu’il pouvait y avoir de plus direct en ce monde, il avait une franchise sans nom avec son entourage. Cependant, les remarques de ce genre doivent être prises à la légère venant de Caleb, qui était toujours d’humeur à plaisanter même si cela avait le don d’en énerver plus d’un. Le barreur était quelqu’un de particulièrement calme, mais Rivers avait souvent vu qu’il était agacé par ses pitreries, et cela l’amusait encore plus. Probablement que ça l’amuserait beaucoup moins le jour où il s’énerverait pour de bon et qu’il le menacerait, mais ce jour n’était pas encore arrivé, et puis après tout, c’était Victarion qui était venu le voir. Probablement ravi de voir que Caleb devait rester à bords du bateau tandis que lui pourrait retourner à terre. Le matelot l’observa croiser ses bras et lui demanda

« A moins que quoi ? »

Le jeune homme reporta son regard azur sur la lame qu’il avait entre les doigts et continua à la gratter avec une pierre ponce dans un bruit strident.